AVEDON Richard
Ses photos de mode, dans lesquelles il transposait sa vision personnelle d'un monde d'images vivant, proche de la vie, lui valurent une large publicité. Il rompait en effet avec la photographie de studio en emmenant ses modèles dans les rues de Paris, les cafés et les revues.
La photographie de mode d'Avedon, qui au fil des années se réduisit de plus en plus et qui, dans les années 70, se rapprocha de sa photographie de portrait, et devint une référence pour toute une génération de photographes.
Peu de temps après, il fit scandale avec une série sur la lente agonie de son père Jacob Israel Avedon. Dans cette série, qui est aussi un document sur sa relation avec son père, il lui arrachait des mimiques et des expressions qu'il lui avait vues dans sa jeunesse et qui avaient imprégné son image de la figure paternelle. Mais c'est également une série bouleversante sur la lente dégradation d'une forte personnalité et sur sa retraite elle-même.
Avec son livre « In the American West », il voulut briser le mythe de l'Ouest américain, du monde lisse et idyllique des cow-boys, et en montrer un autre aspect, celui des journaliers et des mineurs, des chômeurs et des petits employés, des Blancs, des Noirs, des Sud-Américains. L'image pitoyable qu'il donnait à l'Ouest américain provoqua l'indignation et fut ressentie comme pernicieuse.
Suivirent une série sur le Louisiana State Hospital, suite d'images sur des malades mentaux, ainsi qu'une autre sur les victimes du napalm, réquisitoire amer contre la guerre du Viêt-Nam.
Ce sont les seules parmi les photos d'Avedon à montrer la violence; il s'y était en effet toujours refusé, considérant que des images violentes généraient à leur tour de la violence.
Ses grands formats sur toile firent date dans l'histoire de la photographie. Il s'agissait entre autres de portraits des membres de la « Warhol Factory », des « Chicago Seven », de la « Ginsberg Family » et du « Mission Council ».
Parmi ses portraits, « The Generals of the Daughters of the American Revolution » de 1963 occupa une place particulière. Avedon avait réalisé là un portrait de groupe composé de façon insolite. Cette photo, qui était manifestement l'étude préliminaire d'un portrait de groupe officiel, fascina par son étrange composition et par la diversité des relations que les personnages, bien qu'isolés, entretenaient les uns avec les autres.
Tout aussi insolite fut le portrait de Charlie Chaplin où il imitait un diable (). Sa réalisation répondait au désir de Chaplin lui-même qui souhaitait exprimer ses dispositions belliqueuses lorsqu'il fut contraint de quitter l'Amérique en raison de son engagement politique.
Le portrait d'Ezra Pound absorbé en lui-même dans une concentration presque douloureuse (,
) fut la pièce maîtresse d'une série dans laquelle l'écrivain, face à l'appareil, révélait, en même temps qu'il la traduisait par des gestes, toute l'amplitude de ses sensations et sentiments.
La chute du mur de Berlin fut pour Avedon l'occasion de photographier la foule en liesse la nuit de la Saint Sylvestre 1989. Dans cette palette d'images, réunies dans la série « Brandenburg Gate », les expressions des visages allaient de la gaieté exubérante à l'appréhension angoissée du futur. En manière de symbole, Avedon plaça sur le lieu du reportage une petite sélection de constellations qui, réduites aux contours d'une tête chauve, culminaient sur le ciel de la nuit.
Il fit ensuite des photos de l'aristocratie italienne dans lesquelles il eut recours pour la première fois, et dans une assez large part, aux possibilités du photomontage.
Ce ne fut qu'à l'occasion de sa rétrospective en 1994 que l'on se souvient que le photoreportage était aussi un genre qu'il avait pratiqué à ses débuts.
Avedon est considéré comme l'un des meilleurs photographes. Rien qu'à New York, des expositions lui ont été consacrées au Museum of Modern Art, au Metropolitan Museum et au Whitney Museum of American Art.
Le Museum Ludwig de Cologne montra en 1994 une grande rétrospective ainsi que sa production de photographe de mode.
Photos autres ,,,-,,