The Misfits (1961)
Titre français : « Les désaxés ».
Affiches
« The Misfits » est le vingt-neuvième et dernier film de Marilyn, si l'on ne tient pas compte de « Something's Got to Give », resté inachevé.
Arthur Miller avait écrit une nouvelle, qui parut dans le magazine Esquire en 1957. Lorsqu'il vivait à Reno en attendant son divorce et avant d'épouser Marilyn, il avait rencontré des hommes qui, comme Clark Gable et Montgomery Clift dans le film, capturaient des chevaux sauvages, qu'ils revendaient ensuite et dont on faisait de la nourriture pour animaux.
Miller adapta la nouvelle pour en faire un scénario, Sam Shaw lui ayant suggéré que ce sujet ferait un excellent film pour Marilyn. Pour cela Miller dut développer le personnage de Roslyn, trop falot pour la nouvelle.
Il retravailla le script jusqu'au dernier jour du tournage. Il modifiait sans arrêt la fin et avait du mal à décider quel cow-boy l'emporterait dans le coeur de la jeune femme.
Montgomery Clift n'était pas le seul à penser que Clark Gable, qui était un homme mûr, devrait tenir le rôle principal.
Au début de 1958, Miller proposa la production du film à son ami Frank Taylor, qui suggéra d'envoyer le scénario à John Huston et de lui en proposer la réalisation.
On rassembla une équipe prestigieuse, dont Montgomery Clift et Eli Wallach, tous deux amis de Marilyn. Mais Miller fit encore mieux et réussit à convaincre Clark Gable, en lui expliquant qu'il s'agissait « d'une sorte de western de l'Est qui traitait de l'absence de signification de nos vies et peut-être aussi de la façon dont nous sommes arrivés où nous en sommes ».
Au début, Marilyn considérait le film comme un cadeau d'amour. Mais lorsque le tournage commença, début 1960, les relations entre Miller et Marilyn avaient atteints leur point de rupture.
Dans son autobiographie Arthur Miller écrivit :
« Dès le commencement de « The misfits », il me fut impossible de nier que, s'il existait une clé pour le désespoir de Marilyn, ce n'était pas moi qui la possédais ».
Des grèves parmi les acteurs et les écrivains, au début de 1960, avaient retardé le tournage du film précèdent de Marilyn, « Let's Make Love » (1960).
Les scènes en extérieur de « The Misfits », dans
le désert du Nevada, ne purent commencer qu'à la
mi-juillet.
Il y faisait plus de trente degrés.
Le film fut plus réputé pour la tension qui régnait sur le
tournage que pour le résultat final, une réelle performance dramatique.
L'atmosphère était empreinte de l'hostilité de Marilyn envers Miller, des disputes entre John Huston et Paula Strasberg et
d'un certain nombre d'autres manifestations de colère. Marilyn
et Miller se disputèrent en public et en privé pendant la
première moitié du tournage, jusqu'à ce que
Marilyn quitte la suite qu'ils partageaient, pour s'installer chez
Paula
Strasberg.
Miller réécrivait sans cesse les dialogues et veillait tard dans la nuit. Le lendemain, il revoyait le texte avec Huston à l'hôtel et sur le lieu de tournage. Marilyn avait du mal à se souvenir de ses répliques, et les modifications continuelles lui rendaient les choses encore plus difficiles.
Le manque de ponctualité de Marilyn, ses maladies, son état vaseux après des prises massives de barbituriques pour dormir, ses disputes avec Miller rendaient le tournage long et pénible. Au fil du temps, elle arriva de plus en plus tard et, quand elle arrivait enfin, elle n'écoutait ni Huston, ni Miller, mais uniquement Paula Strasberg.
A la fin du mois d'août, Huston envoya Marilyn à Los Angeles pendant dix jours, soit pour se faire désintoxiquer, soit pour soigner une dépression nerveuse, selon les versions.
Ernst Haas, l'un des photographes de l'agence Magnum, fit le commentaire suivant :
« Tous ceux qui se trouvaient sur le tournage étaient des désaxés - Marilyn, Monty, John Huston, toujours au bord de la catastrophe. Et Gable ne disait pas grand-chose, il était juste Gable ».
L'incertitude se poursuivit à Los Angeles au moment de la sonorisation dans les studios de la Paramount. Les cadres de United Artists exigèrent la reprise de plusieurs scènes qui ne leur plaisaient pas : rendez-vous fut pris pour réunir les acteurs et l'équipe technique, mais Clark Gable - dont le contrat stipulait qu'il avait un droit de regard sur le scénario - refusa d'y participer.
Le travail de post-production fut accéléré afin que le film soit prêt pour les nominations aux Oscars. Mais il n'en obtint pas, même à titre posthume pour Clark Gable. Le film avait coûté quatre millions de $, ce qui, en 1961, en faisait le film en noir et blanc qui avait coûté le plus cher.
A la fin du tournage Marilyn annonça sa séparation d'avec Miller. Plus tard celui-ci dira : « Le film avait été une torture pour elle...Je m'émerveille aujourd'hui de mesurer ce qu'elle a fait dans les circonstances dans lesquelles elle l'a fait ».
Miller épousa ensuite Inge Morath, la photographe de l'agence Magnum qu'il avait rencontrée sur le tournage.
La première eut lieu le 31 janvier 1961, pour honorer la mémoire de Clark Gable qui était mort moins de deux semaines après la fin du tournage. Onze jours après son divorce, Marilyn était accompagnée de Montgomery Clift pour la réception, qui avait lieu au Capitol Theater, sur Broadway et 51st Street.
Dans sa dernière interview au journaliste Richard Meryman, pour le magazine Life, elle parla des difficultés du tournage: « J'ai dû faire preuve d'intelligence, sinon ils m'auraient coulée - et je ne veux pas me laisser démolir...Tout le monde était toujours après moi, j'avais l'impression qu'on allait me mettre en pièces. Ils me disaient tout le temps : « Fais ceci, fais cela », même en dehors du tournage. Mon Dieu, je me suis battue pour rester intacte ».
Tournage
Casino
Dîner autre
avec Clark Gable
seuleEssai costumes
photos
croquisEssai coiffure
Feuille de la production du 12 septembre 1960
Feuille de la production du 18 octobre 1960
Photos publicitaires
avec Clark Gable
avec Clark Gable et Montgomery Clift
pendant les prises
Visionnage des scènes
La première du film eut lieu le 31 janvier 1961 au Capitol Theatre de New York
avec Montgomery Clift
seule
GENERIQUE
United Artists/Seven Arts Production, noir et blanc
Durée : 124 minutes
Date de sortie : 1er février 1961.
Réalisateur : John Huston
Producteur : Frank E. Taylor
Scénario : Arthur Miller
Directeur de la photographie : Russell Metty ()
Musique :
Alex North
Production
: Frank R. McKelvy
Montage : George Tomasini.
INTERPRETES (par ordre d'apparition au générique)
Clark Gable
- Gay Langland
Marilyn
Monroe - Roslyn Taber
Montgomery Clift - Perce Howland
Thelma
Ritter - Isabelle Steers
Eli Wallach - Guido
James Barton - homme âgé
Estelle Winwood - femme dans l'église
Kevin
McCarthy - Raymond Taber
Dennis Shaw
- jeune garçon
Philip
Mitchell - Charles Steers
Walter
Ramage - portier âgé
J. Lewis
Smith - cowboy
Marietta
Tree - Susan
Bobby
LaSalle - barman
Ryall Bowker - client du bar
Ralph Roberts - conducteur d'ambulance
Peggy Barton - jeune mariée.
EQUIPE TECHNIQUE
Stephen B. Grimes - directeur artistique
William Newberry - directeur artistique
Lew Smith - répétiteur pour les dialogues
Allan « Whitey » Snyder - maquillages
Agnes Flanagan - coiffeur
Sidney Guilaroff - coiffeur
Frank La Rue - maquillages
Frank Prehoda - maquillages
Frank McKelvy - décorateur de plateau
C.O. Erickson - directeur de la production
Carl Beringer - décorateur
Charles Grenzbach - enregistrement du son
Philip Mitchell - enregistrement du son
Chuck Robertson - cascades (n'apparaît pas au générique)
Angela Allen - supervision du scénario
Billy Jones - cow-boy
Jean-Louis - costumes de Mrs Monroe
Edward Parone - décorateur
Tom Shaw - directeur de la deuxième équipe
Lew Smith - répétiteur pour les
dialogues (n'apparaît pas au générique)
Paula Strasberg - professeur de Mrs Monroe (n'apparaît pas au générique)
Rex Wimpy - photographe.
SYNOPSIS
Roslyn Tabor (Marilyn Monroe) est à Reno pour divorcer de son mari, Raymond (Kevin McCarthy). La propriétaire de son logement, Isabelle Steers (Thelma Ritter), la présente à Guido (Eli Wallach), désespéré depuis la mort de sa femme. Guido présente Roslyn à un cow-boy, Gay Langland (Clark Gable), dont elle tombe amoureuse.
Langland projette une sortie dans les collines pour attraper des chevaux sauvages. Il engage Guido et Perce Howland (Montgomery Clift), un habitué des rodéos.
Roslyn accompagne les trois hommes, mais apprend que Langland envisage de vendre les chevaux, qui seront transformés en nourriture pour chiens. Il est sourd à ses protestations, mais elle réussit à convaincre Perce de relâcher les bêtes. Langland est furieux et se lance à la poursuite de l'étalon chef du troupeau au prix d'efforts physiques considérables. Mais, dès qu'il l'a attrapé, il le libère.
Les trois hommes se séparent. Langland et Roslyn partent ensemble en voiture, et on comprend qu'ils ont l'intention de vivre ensemble.
BIBLIOGRAPHIE
« The
story of the Misfits ». James Goode, Indianapolis, Bobbs-Merill, 1963.
Nouveau tirage en 1986 sous le titre « The making of the Misfits ». Compte-rendu quotidien du tournage de « The misfits ».